portrait avec mes 2 livres

Hello Audrey, tout d’abord sache que je suis heureux de te recevoir, ici même sur mon « Blog ». Alors, venons-en au fait ! Installe-toi confortablement, permets-moi de t’offrir, un café, un thé peut-être ou préfères-tu un mojito ?

Salut Jean-Fred ! 

Merci beaucoup de me recevoir « chez toi » et en toute simplicité. Pour la boisson, tout dépend : si c’est pour le petit déjeuner, je prendrais bien un grand thé noir ; pour toute autre heure de la journée et jusqu’à six ou sept fois par jour, un petit café serré sans sucre, dans un verre de préférence (comme dans les bars de quartier à Marseille !). Pour le soir, tu as raison, le rhum, c’est idéal. Planteur ou Mojito, comme tu veux : tu vois, je ne suis pas difficile !  

Bien, alors je vais être curieux, mais je suppose que tu t’en doutes bien étant donné que tu as accepté cette entrevue. Tu es une fille, auteure, lectrice, sans oublier que professionnellement tu as un travail prenant et une famille. Donc, l’une de mes premières questions en quelques mots, qui est Audrey Sabardeil ?

Je viens d’avoir 47 ans, je suis mariée, j’ai une fille de bientôt 17 ans et j’habite entre Marseille et Aix depuis 5 ans. Auparavant, je vivais dans les quartiers Nord, où je suis née et où j’ai grandi. Je n’en avais pas vraiment conscience mais l’écriture de mon premier roman m’a montré à que point ce sentiment d’appartenance avait forgé mon identité, peut-être mon caractère aussi. Ma famille m’est très précieuse ; j’ai perdu ma mère jeune, et mon père ensuite. Je sais que les gens qui nous sont chers ne sont pas éternels. De la même manière, je considère certains de mes amis proches comme ma famille :  ils ont une importance cruciale pour moi. Je pense être indépendante mais je ne suis pas du tout une solitaire pour autant. Ce socle familial et amical est vital pour moi.

Côté boulot, je suis professeur de français en collège depuis que j’ai 21 ans (je suis donc déjà une vieille prof !!). Depuis quelques années, j’enseigne au collège Arc-de-Meyran à Aix-en-Provence. 

Que dire encore ? Je suis une lectrice boulimique depuis toujours et j’ai longtemps écrit dans mon coin, pour moi. Des bouts de récit, des débuts, des fins, des paroles de chansons, et depuis quelques années des nouvelles, en amateur toujours. Ce n’est qu’en 2021 que j’ai mis le point final pour la première fois à un roman. C’est avec ce manuscrit que je suis entré dans la cour des grands puisqu’un éditeur a accepté de l’éditer. 

Comment fais-tu pour tout conjuguer ?

C’est effectivement LE problème ! Il n’y a clairement pas assez d’heures dans une journée et pas assez de jours dans la semaine. Alors ça demande de la discipline, de l’efficacité et de l’endurance. Ça devrait demander une bonne hygiène de vie, sans doute, mais j’adore sortir, faire la fête et voir les copains. Alors pour ne pas sacrifier trop de temps de loisir en famille, j’essaie de rester très organisée dans mon boulot de prof (je l’étais déjà) et de consacrer un jour par semaine à l’écriture, plus une partie de mes vacances. 

Je vais me pencher plus vers ton activité d’auteure si tu me le permets : quel est le cadre idéal ou tu aimes écrire ?

Quand j’écris, c’est en général sur ordinateur. J’aime bien me mettre sur le comptoir de ma cuisine. Il y a de la lumière. Mais j’ai déjà écrit dans le train, ou dans un avion, pendant un très long trajet, sur un carnet. En réalité, je pense que je pourrais écrire dans n’importe quel cadre – sauf si c’est trop bruyant -.  Et pour l’été, il me faudrait un ordinateur que je puisse utiliser même en plein soleil. Car choisir entre faire le lézard en pleine lumière et s’enfermer à l’intérieur pour écrire est un affreux dilemme.

Qu’est ce qui t’a donné l’envie d’écrire ? et ton déclic ?

J’écris depuis toujours toutes sortes de choses très courtes (fragments d’histoire, chansons, nouvelles). Quant à l’idée d’écrire un roman, je la dois à un collègue, Olivier, devenu un ami. A la moindre occasion, on parlait musique, cinéma et bouquins. Il a une culture bien plus large que moi et m’a fait découvrir bien des auteurs, musiciens et cinéastes. Sans lui, qui était le seul, longtemps, à qui je montrais mes bouts de textes (ni mon mari ni ma plus proche amie n’en savaient rien ! Je n’osais pas.), je n’aurais jamais réussi à venir à bout de mon premier roman.  

Même si je suis conscient que les auteur(e)s se servent de leurs vies pour écrire, je désire en découvrir plus sur tes sources d’inspirations, quelles sont-elles ?

Difficile de faire une liste. Je pense que mon écriture est le produit de choses très classiques comme les romans du XIXème siècle (Zola notamment), les romans et les pièces de théâtre françaises du XXème que j’ai découverts au lycée et aussitôt adorés (« L’Etranger » de Camus, « Huis-clos » de Sartre, «J’irai cracher sur vos tombes » de Vian par exemple) et certains romanciers américains comme John Fante, John Steinbeck (Lisez « Des souris et des hommes » !). C’est vraiment au lycée que j’ai forgé mes goûts littéraires. Et c’était toujours les tragédies qui me transportaient. Des écritures assez brutes, assez violentes. Mais c’est aussi largement la chanson qui m’inspire. Les paroles des chansons sont de vraies sources d’inspiration parfois. On pourrait faire un roman à partir de chaque chanson de Brel par exemple. Mais aussi des paroles de Sting, de Mano Solo, de Damien Saez ou de Noir Désir. Encore et toujours des histoires sombres et puissantes. J’ai découvert la littérature contemporaine assez tard finalement. Avant, je ne lisais presque que des classiques. Maintenant, j’admire des auteurs comme Wajdi Mouawad, Laurent Gaudé, Pierre Lemaître, Nicolas Mathieu ou Adeline Dieudonné pour ne citer qu’eux. 

Qu’oserais-tu dire à des lectrices et lecteurs potentiels qui n’ont pas encore eu la chance de te lire ?

(J’espère ceci-dit que mon retour au sujet de ton livre en l’occurrence « Le soleil ne brille pas pour tout le monde » publié sur mon blog va déjà donner aux lectrices et lecteurs l’envie de te lire).

Je leur dirais : essayez-moi ! Laissez-moi une chance de vous convaincre par mon écriture ! 

D’ailleurs serait-il possible que tu me parles de ce livre. D’où t’es venue l’idée ? combien de temps as-tu mis pour l’écrire ? etc etc en clair je veux tout savoir ?

1e couv LE SOLEIL NE BRILLE PAS POUR TOUT LE MONDE

« Le soleil ne brille pas pour tout le monde » est né d’une première scène que j’ai écrite après avoir regardé des infos sur i-télé, la chaine d’infos en continu de l’époque. J’habitais encore dans les quartiers Nord à Marseille. Et les élections approchaient. Il y avait un vrai risque que ces arrondissements passent FN : Stephane Ravier, son représentant, était en tête des sondages. Et ça m’a fait un choc. Pour la première fois, j’ai imaginé les conséquences que ça pourrait avoir sur ce coin de Marseille que j’avais toujours connu. Je me demandais si les gens réagiraient et si oui, comment. Mon roman n’est pas un livre politique. Mais ce fait d’actualité, cette angoisse bien réelle que j’avais ressentie alors, ça a été le point de départ de ma fiction. 

A partir de là, j’ai écrit des fragments d’histoire. Je n’avais aucune ambition de roman au départ. Mais l’envie d’écrire était là, celle de créer des personnages et des situations. Sans plan. Sans méthode. Voilà pourquoi j’ai erré avec ces morceaux sans queue ni tête pendant des années. Au moins 10 ans, avec de grandes périodes sans écrire. Je compare la gestation de ce roman à un puzzle dont j’aurais éparpillé les pièces partout sur le sol. Il m’a fallu un temps fou pour comprendre qu’une image d’ensemble pouvait sortir de ce désordre. Une fois que j’ai réalisé ça – grâce à cet ami qui, lui, avait repéré bien avant moi le potentiel de ces brouillons disparates -, je me suis enfin mise à élaborer un plan. Et ensuite à assembler le puzzle. Bref, ce fut très laborieux ! Et tout ça rien que pour obtenir un premier jet cohérent de cette histoire ! Après il m’a fallu encore beaucoup de travail, de relectures et de réécritures pour épurer le style et l’intrigue. Ma grande crainte était d’être « verbeuse » (Un prof avait noté cet adjectif dans la marge d’une de mes rédactions au lycée ou au collège. Je ne savais pas ce que ça voulait dire. J’avais cherché dans le dico. J’avais pris ça comme une gifle. Mais ça m’a tout le temps servi ensuite). Et c’est vrai que je n’aime pas les écritures qui « se regardent écrire », comme je n’aime pas les gens qui s’écoutent parler. J’ai donc beaucoup « nettoyé » mes phrases et mes paragraphes. Je voulais une écriture vive. On imagine naturellement qu’un livre court est plus rapide et plus facile à écrire qu’un livre long. En réalité, j’ai réalisé qu’il faut longtemps travailler pour épurer un texte et le garder puissant. D’ailleurs aujourd’hui, les maladresses de la débutante que je suis me sautent aux yeux dans ce premier roman. Si ce roman est un jour réédité, j’aimerais encore le retravailler.

Si tu avais le choix d’un ou une auteur(e) pour un quatre mains, qui choisirais-tu ?

Quelle question difficile ! Ma première réponse serait Nicolas Mathieu, dont j’ai adoré « Leurs enfants après eux » et beaucoup aimé « Connemara » aussi. Mais si je me retrouvais dans un projet à quatre mains avec un auteur qui m’impressionne, mon admiration pour son style et sa pensée m’inhiberait totalement. Et je chercherais son assentiment. Bref, je ne serais pas moi.

J’ai l’impression que je ne saurais pas écrire à quatre mains. J’ai besoin de tenir le stylo. 

Par contre, réfléchir à une intrigue, discuter des personnages, ça, c’est faisable, et infiniment riche. Et pour ça, je rêverais de connaître des auteurs tels que Laurent Gaudé ou Wajdi Mouawad qui ont un tel sens des personnages et de la dramaturgie que dialoguer avec eux sur un projet serait une chance incroyable. En attendant, je fais ça avec mes trois bêta lecteurs, les trois amis qui m’ont portée sur mes deux premiers projets : Olivier, par qui tout a commencé et deux amies très proches, Muriel et Cécile. Ils ne sont pas auteurs eux-mêmes, mais ils sont intelligents, attentifs et francs. Alors nos échanges sont toujours un grand plaisir pour moi et une aide précieuse. Je crois qu’ils ne mesurent pas à quel point. 

Pourrais-tu me parler de tes livres déjà écrits ?

Le premier, c’est donc « Le soleil ne brille pas pour tout le monde » dont j’ai déjà pas mal parlé précédemment. Je pourrais peut-être ajouter que ce roman fonctionne comme un polar dont le personnage principal ne serait pas flic. Pour autant, il y est question de violence, de trafic, de crime, des liens entre les milieux de la drogue et de la politique, de parole donnée, de trahison, de confiance. C’est aussi pour moi un roman qui fait la part belle à cette amitié entre hommes qui m’a toujours beaucoup émue : ces amis-frères que rien ne peut séparer. Cette fidélité, c’est une valeur que j’ai toujours trouvée admirable. Et à Marseille, on la trouve, parfois. Et enfin, je dirais que dans ce livre-là, Marseille est presque le personnage principal. Un personnage que j’aime, comme on aime un ami très cher : on adore ses qualités, et on connaît parfaitement ses défauts, parfois on en vient même à l’aimer pour ses défauts. Mais en tout cas, on fait avec, parce qu’on l’aime « en entier ». J’ai ce lien-là avec Marseille. Et je crois que ça se sent dans mon premier roman.

Mon deuxième livre, « Les Naufragés », se passe encore à Marseille, mais c’est un tout autre visage de la ville. Autres quartiers, autres personnages, autre ambiance. Tout est différent. Et cette fois, on est proche du roman noir, plutôt : cette fois, l’intrigue n’est pas d’abord construite autour d’une enquête ou d’un crime ; c’est la lutte du protagoniste contre lui-même. Mon personnage, Hugo, va voir ses certitudes ébranlées, sa conception des choses, de la société et de l’Autre sera soudain remise en question. Tous ses équilibres rompus. La blessure est davantage intime. Et cela modifie en profondeur la manière dont j’ai voulu faire progresser l’intrigue. 

couv Les Naufragés

Ton tout premier manuscrit fini ?

Mon premier manuscrit fini est devenu mon premier roman édité. Seul le titre initial a changé. « Canicule » est devenu « Le soleil ne brille pas pour tout le monde ». Avant ça, j’avais seulement écrit des nouvelles, totalement en amateur, et jamais proposées à un éditeur. 

Tu es auto éditée ou en Maison d’édition et pourquoi un tel choix ?

Je suis éditée chez M+ éditions, avec un contrat traditionnel. Dès le premier envoi, je me suis promis que si ça n’aboutissait pas, je ne « piquerai pas dans la caisse » de ma famille pour que mon fantasme d’écrivain se réalise. Je ne voulais pas que cette envie intime ne coûte à mon mari, à ma fille, et à moi, le budget de nos vacances ou celui dont on aurait besoin pour ma fille … Tous les deux me laissent y consacrer tout le temps dont j’ai besoin, sans rechigner. C’est déjà énorme. Je ne voulais pas que cela pèse aussi sur les finances familiales. Et puis je n’avais pas mesuré à quel point obtenir un contrat d’édition, c’était pour moi une manière de gagner une légitimité que je ne m’accordais pas. Gagner le droit d’écrire et de me démener pour faire connaître mon travail. 

Avant de conclure le chapitre auteure, peut-être as-tu envie de m’offrir un scoop sur ton futur projet ?

Je dois dire que mon troisième roman est particulièrement difficile à écrire. Il pourrait s’appeler « Une ombre au tableau ». J’ai en tête de faire un roman « choral », autrement dit une histoire qui n’a pas un personnage principal mais dont le fil de l’intrigue est pris en charge par différentes têtes. J’avance assez lentement : ce choix de narration très particulier demande beaucoup de précision et de précaution pour rester toujours dans la justesse de chaque narrateur. J’espère mener ce projet à terme. Sur le plan de l’écriture, en tout cas, c’est un défi qui m’intéresse.

Passons à l’aspect lectrice. Comment choisis-tu tes lectures ? Quels sont tes styles de prédilections ?

Je lis énormément. Et vite. Rarement moins d’un livre par semaine. Contrairement à avant, je ne lis presque plus que de la littérature contemporaine. Plusieurs critères peuvent guide mon choix : d’abord, j’élimine les « feel good », ce qui relève du développement personnel et de la romance, car je m’y ennuie. Je vais en général vers les histoires sombres, j’aime les personnages réalistes et complexes, les personnages de pauvres types,  les écorchés, ceux qui ont des fêlures. Un Vernon Subutex me ravit, par exemple.

Mais pour choisir un titre en particulier, vu le nombre de sorties, c’est forcément difficile. Il y a des auteurs français (ou francophones) incontournables pour moi : Laurent Gaudé, Nicolas Mathieu, Adeline Dieudonné, Mathias Malzieu, Pierre Lemaître, Wajdi Mouawad, Cécile Coulon… Là, c’est simple. Je ne réfléchis pas, je lis. Je suis rarement déçue.

Certaines éditions ont ma préférence, notamment L’Iconoclaste depuis quelques années.

Et toujours Le Goncourt des Lycéens. Une valeur sûre pour moi.

Pour les auteurs que je découvre, souvent, un simple titre peut me convaincre, ou une couverture.

Par contre, je déteste lire les quatrièmes de couverture : je trouve qu’elles en disent toujours trop. C’est comme les bandes-annonces de films : je ne les regarde jamais. Si le titre et la couverture ne m’ont pas convaincue tout à fait, j’ouvre le livre au hasard, je lis quelques lignes. Le style me plait ? je prends. Quand j’étais ado, à la FNAC, et plus tard, étudiante, je prenais un livre pour le titre. Je lisais le premier mot du premier chapitre puis le dernier mot du livre. Si les deux sonnaient bien ensemble, j’achetais. C’était un peu radical mais j’adore toujours autant ne pas m’attendre à une histoire. D’ailleurs, ce sont davantage les mots et la musique de la langue qui font le livre plutôt que le thème ou même l’histoire pour moi. 

Le plus sûr à mes yeux reste le bouche à oreille : quand un ami me dit « J’ai adoré ce roman », je l’empêche de trop m’en dire et je fais confiance à son ressenti. Après on croise nos impressions. J’adore !

Ton auteur(e) favori(e) ? (Des raisons évidentes à ton jugement …)

Pour trancher cette question insoluble, je dirais Laurent Gaudé parce que je pense avoir aimé tous ses livres. Avec lui, j’ai redécouvert la tragédie antique sous notre ciel contemporain. Une sorte de tragédie sans l’empreinte des dieux.  Et j’admire son écriture : simple et puissante. Une beauté brute des mots. Un sens du rythme aussi dans la phrase. Tout ce que j’aime. 

Le tout premier livre que tu as lu, c’était quoi ?

Alors ça, c’est absolument impossible comme question. J’ai une mémoire désastreuse. Comment me souvenir du premier livre que j’ai lu ? Peut-être « La chèvre de Monsieur Seguin » (j’ai toujours cet exemplaire de mon enfance) qui est un bijou tragique (décidément !). D’ailleurs ma fille, qui n’a jamais compris ma passion pour les histoires terribles m’avait imposé que l’on invente une autre fin quand je lui ai lu ce livre. Alors dans ce vieux bouquin, maintenant, il y a une nouvelle page, rédigé à quatre mains par ma fille de 5 ou 6 ans et moi. Bref, ce n’est peut-être pas le premier, mais il m’a marquée. En tout cas je lisais et relisais les contes de Perrault et j’ai dû rapidement passer à Pagnol ensuite, je pense. Sans compter des tas de petits romans du magazine « J’aime Lire » et les romans jeunesse de la collection Castor Poche.

Ton coup de foudre littéraire ? Le livre qui t’a le plus bouleversé ? (Les raisons à cela)

Encore une question insoluble ! Alors je vais tricher en donnant plusieurs titres : au lycée j’ai dévoré «  Des souris et des hommes » (simple et sublime) mais aussi je ne sais combien de Stephen King (« La part des Ténèbres » !!! J’ai été fascinée par la dualité du personnage de l’écrivain dans ce roman. Tiens ! tiens !). Et puis je suis tombée sur « La Nuit des Temps » de Barjavel, qui m’a durablement marquée (suite à cette lecture, ma fille ne pouvait s’appeler autrement qu’Eléa), comme m’avait marquée la tragédie de Romeo et Juliette. Mais « Belle du Seigneur » de Cohen m’a vraiment secouée aussi et a complètement modifié ma manière de considérer les sentiments amoureux. C’était si anticonformiste ! 

Beaucoup plus récemment, en tant qu’adulte, c’est « Anima » que je retiendrais, de Wajdi Mouawad. Pour les mêmes qualités littéraires que je trouve à Laurent Gaudé avec, en plus, dans ce roman-là, une audace narrative incroyable. Un parti-pris narratologique risqué et génial. Je ne peux pas dire lequel : cela ruinerait une partie de la valeur de ce roman. Lisez-le. Attention, ça remue. Si vous n’avez pas le cœur bien accroché, n’y allez pas. 

Pour nourrir ma curiosité, j’aimerais aussi te demander si tu regardes la télévision, des séries peut-être ou des films, dis-moi tout ?

J’adore le cinéma, les films. Parce que j’adore qu’on me raconte des histoires. Et maintenant, avec les séries, on a l’embarras du choix. Là encore, difficile de faire une liste mais j’ai adoré des films comme « Usual Suspects », « Fight Club », « Parasite », « Le Pianiste » ou « Gone girl ». Dans le cinéma français, il y a des pépites : « Le retour de Martin Guerre », « Jean de Florette »,  « Les petits mouchoirs », « Polisse », « Bac Nord », « Amélie Poulain », « Intouchables », « Les Misérables ». Comme séries, il y a de vrais chefs d’œuvre dans des genres divers : « Breaking Bad » (un must pour moi), « House of Cards », « Vikings », et une série à voir absolument, moins connue : « L’effondrement » … L’écriture de scénario, voilà un exercice qui doit être fascinant ! 

Et la musique dans ta vie, a-t-elle une place ? Tes goûts …

Pour la musique, je ne suis pas née à la bonne période je crois. J’écoute du rock avant tout : Led Zeppelin (« Whole Lotta Love » si je ne dois en garder qu’une), Ben Harper, Shaka Ponk, Noir Désir, Izia. Et aussi The Pink Floyd, The Police, Sting. J’adore aussi le blues et ce genre de sonorités qu’on n’entend plus (Amy Whinehouse, Aretha Franklin, Ray Charles, Janis Joplin.)

Et puis, je suis très sensible aux textes. Et alors, je peux penser à Brel, Barbara, Bertrand Cantat, Mano Solo, certains textes de Goldman aussi… Mais c’est toujours quand c’est sombre, que ça me plait, décidément. Et très peu de musique actuelle.

Voilà, nous arrivons bientôt à la fin de cet entretien MAIS, serait-il possible que tu glisses les liens ou l’on peut te découvrir ?

J’ai une page insta https://www.instagram.com/audreysabardeil/  

et une page Facebook https://www.facebook.com/audreysabardeil/

que j’alimente régulièrement.

Sans oublier de t’interroger sur mon blog, comment trouves-tu mon idée ?

Ton blog, comme toutes les initiatives généreuses des lecteurs et des chroniqueurs qui prennent de leur temps pour partager leur enthousiasme pour les livres, c’est un vrai cadeau pour les auteurs dont le nom n’est pas un porte-drapeau : il est très difficile de se faire une place dans les librairies parmi les innombrables sorties littéraires de toute sorte. Alors que quelqu’un comme toi, amoureux des livres, nous offre cette plateforme, c’est vraiment très précieux.

D’autant que ton blog ne se contente pas de faire un retour de lecture (ce qui reste le meilleur moyen, je pense, d’éveiller la curiosité et de susciter l’intérêt) : ici, tu as choisi de proposer de véritables interviews. Tes questions permettent aux auteurs tels que moi de se livrer (trop ?) longuement. Pour les lecteurs qui veulent lever le voile sur l’envers du décor, qui sont curieux du long et lent processus qui mène de la première étincelle jusqu’au livre sur l’étagère, c’est sans doute intéressant. Je profite donc de cette question que tu me poses pour te remercier de cette opportunité que tu m’offres d’aller à la rencontre de ces curieux-là. 

Où va-t-on avoir la chance de te croiser en salon cette année ?

Contrairement à l’an dernier où j’ai eu bien du mal à me faire une place avec mon premier roman, cette année j’ai un agenda chargé : je viens de faire le Printemps du Polar à l’Estaque les 22 et 23 avril et je serai encore le 30 avril au grand marché de printemps de la Voilerie aux Pennes Mirabeau. 

Puis deux dates en mai : le 13 mai au centre culturel du Leclerc de Sormiou, et le 27 mai au Café des Artistes à Montolivet à Marseille.

En juin, deux dates aussi : le 10 juin au salon des Amis des Arts aux Pennes Mirabeau et le 27 juin à St Chamas à la librairie-salon de thé Feuilles et Thés. 

Puis ce sera en septembre le salon des Ecrivains à Fuveau le dimanche 3 septembre, suivi le 9 septembre par celui de St Rémy de Provence. 

Mes dates les plus lointaines sont en octobre : le 7 à Trets et le 21 au centre culturel U à Saint Maximin. Quant à mes deux livres, ils sont disponibles absolument partout sur commande et même en e-book pour le premier. Le deuxième devrait suivre.

Et enfin quels sont tes vœux et résolutions pour l’année 2023 ?

Terminer mon troisième projet et continuer d’arriver à conjuguer cette folle aventure de l’écriture avec tout le reste : ma famille, mes amis et mon premier métier. Et pour tout ça, c’est avant tout d’être en grande forme !

Audrey, je te remercie profondément de m’avoir accordé ce temps, même si je sais vu tout ce que tu fais, qu’il t’en manque. Au plaisir de se revoir bientôt.

A très bientôt, je l’espère aussi, avec « Les Naufragés », sorti fin mars, et qui sait, avec un autre titre en 2024 ? Mais pour ça, il faut que j’y retourne très vite ! 

Merci encore à toi, Jean-Fred, pour cette place de choix que tu me laisses, et merci à tous d’avoir pris le temps de lire cette interview.